Les conserveries de poissons françaises ont décidé de formaliser leurs bonnes pratiques dans une Charte où leurs engagements en matière de respect des ressources marines, de promotion d’une pêche durable et de traçabilité tiennent une place centrale.
À ce jour, 17 des marques les plus représentatives de l’offre française de conserves de poissons sont signataires et leurs engagements ont été audités et certifiés. Elles s’engagent notamment pour :
Préserver les ressources maritimes
Les conserveries s’assurent que leurs approvisionnements sont issus de pêches légales et enregistrées. Les poissons des bateaux de l’Union européenne sont pêchés sous contrôle selon les règles de l’UE, et les poissons d’origine hors Européenne ne peuvent être achetés que si leurs captures sont dûment certifiées conformément à la réglementation de l’UE.
Le règlement « contrôle des pêches » 1224/2009 impose un ensemble de règles contraignantes à tous les bateaux pêchant dans les eaux de l’Union européenne, et à tous les bateaux de l’Union européenne pêchant dans les eaux des pays tiers. Il permet aux Autorités de gérer de manière précise un vaste ensemble de domaines dans lesquels s’exerce la pêche maritime, allant des autorisations d’accès à la ressource (licences de pêche…) à la surveillance des navires (y compris par satellite), et des obligations déclaratives (log books) au contrôle par les autorités maritimes des capacités, des filets, des captures, des débarquements, etc.
Le règlement 1005/2008 sur la lutte contre les pêches illégales, non déclarées et non enregistrées (dites pêches INN) interdit l’importation de poissons matières premières et produits finis dans l’Union européenne s’ils ne sont pas accompagnés de certificats de captures prouvant qu’ils ont été pêchés dans un cadre légal, déclaré, enregistré.
Les conserveries suivent l’état des stocks de sardines, de maquereaux et de thon, dans le cadre du suivi des ressources réalisé par la CITPPM (Confédération des Industries de Traitement des Produits de la Pêche Maritime), avec l’appui de bureaux d’études spécialisés ;
- Le travail réalisé dans le cadre de la Confédération des Industries de Traitement des Pêches Maritimes (CITPPM), particulièrement pour le maquereau et la sardine, constitue une démarche volontaire à l’initiative des conserveurs.
- Pour suivre l’état des stocks, les conserveurs ont sollicité le BUREAU VERITAS (OCEANIC DEVELOPPEMENT) pour la mise à disposition de « fiches ressources ». Cette base commune établie de manière indépendante vise à guider les conserveurs pour se positionner individuellement dans leurs politiques d‘approvisionnement.
- Pour s‘informer de l’état des stocks de haute mer (thon tropical notamment), les conserveurs utilisent d’autres sources d’information, comme les travaux, rapports et évaluations d’Organisations régionales de gestion de la pêche (ORGP), ou encore les travaux de l’ISSF (International Seafood Sustainability Foundation).
Les espèces de thon qui sont utilisées pour la fabrication de conserves sont principalement les thons tropicaux : thon albacore (ou thon à nageoires jaunes), thon listao, et thon patudo (ou thon obèse).
Le thon blanc (ou thon germon) est pêché en zone tempérée, au large des côtes de la France et de l’Irlande : il reste « le thon traditionnel » apprécié des connaisseurs. Les professionnels français des conserves de poissons ne mettent pas en œuvre le thon rouge.
Promouvoir la pêche durable
Les conserveries s’engagent dans des démarches visant à favoriser une pêche durable et responsable, respectueuse de la biodiversité. Chaque entreprise signataire est engagée dans au moins l’une des démarches suivantes : adhésion à des organismes reconnus comme, par exemple, l’ISSF (International Seafood Sustainability Foundation), engagement avec une pêcherie certifiée par un organisme qualifié tel que MSC (Marine Stewardship Council), participation au financement de l’initiative des « observateurs embarqués » notamment l’initiative « OCUP » lancée par l’organisation de producteurs ORTHONGEL qui vise un taux de 100% d’observateurs embarqués sur les thoniers senneurs français évoluant dans les océans indien et atlantique, exigences spécifiques dans les Cahiers des Charges fournisseurs…
EN SAVOIR PLUS
Le projet ICV Pêche, conduit de 2016 à 2018, a contribué à évaluer les impacts environnementaux de différents produits de la pêche française, via la méthode de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV). Ce projet s’est inscrit dans le programme AGRIBALYSE® de l’ADEME ayant pour objectif de quantifier les impacts environnementaux des principaux produits de l’agriculture et de la pêche française sur l’ensemble de leurs cycles de vie. L’engagement des professionnels se poursuit aujourd’hui dans la réflexion sur la partie aval de la filière et sur l’impact environnemental de la transformation des produits de la pêche.
Plusieurs labels indépendants existent dont le plus connu, le label MSC, relève d’une organisation indépendante à but non lucratif. Son référentiel, développé avec des experts scientifiques, reprend une large part des critères du Code de conduite de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) pour une pêche responsable. Il certifie les pêcheries volontaires qui adoptent des pratiques de pêche respectueuses de ces critères, ainsi que les produits qui en sont issus de manière traçable.
L’ISSF est un partenariat unique, réunissant la filière du thon, la communauté des sciences halieutiques, et WWF, ONG leader mondial de la conservation de la nature. Cette instance soutient des initiatives scientifiques à long terme pour l’exploitation durable des ressources de thon et la sauvegarde de la biodiversité, notamment en réduisant les prises accessoires et en défendant la santé de l’écosystème marin. L’ISSF favorise trois grandes approches : la science appliquée, le lobbying et des actions directes sur les marchés. Ses actions sont appliquées dans six domaines prioritaires : la gestion des capacités de pêche, la réduction des prises accessoires, l’éradication des pêches illégales, non réglementées et non déclarées, le renforcement des systèmes d’information, l’amélioration de l’efficacité des systèmes de suivi, de contrôle et de surveillance et l’amélioration de la santé des stocks mondiaux de thon. De plus, l’ISSF collabore étroitement avec les organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) responsables des stocks mondiaux de thon.
Les conserveries demandent que les fournisseurs respectent les règles des ORGP (Organisations Régionales de Gestion de la Pêche) ou participent à des processus régionaux de régulation des pêches ;
- L’ISSF s’appuie sur les ORGP pour mettre en place un référencement des bateaux de pêche directement consultable on-line et utilisable par les opérateurs : le « Proactive Vessel Register » ou « PVR ».
De plus, l’ISSF met à disposition sur son site un outil pratique de gestion qui recense toutes les règles devant être respectées par zone de pêche.
Les professionnels français des conserves de poissons soutiennent collectivement auprès de l’Union européenne, le renforcement des ORGP dans leur capacité scientifique et technique pour l’évaluation de la ressource, ainsi que leur capacité à faire respecter les règles communes de pêche.
- Parmi les mesures de gestion de la ressource mises en œuvre par les ORGP on peut citer les quotas de pêche concernant le thon patudo (Thunnus obesus) en Atlantique, ou encore les arrêts temporaires de pêche pour le thon albacore (Thunnus albacares) en Océan indien.
Assurer une traçabilité rigoureuse
Les conserveries françaises interdisent le transbordement en mer, c’est-à-dire le passage du poisson d’un bateau à un autre, qui est proscrit dans le cadre des flottilles sous réglementation communautaire et des principales Organisations Régionales de Gestion de la Pêche (ORGP), hors contrôle spécifique par un observateur indépendant ;
Les professionnels de la filière utilisent l’ensemble des systèmes de suivi à disposition pour garantir une traçabilité précise durant toutes les étapes de préparation des conserves de poisson depuis le bateau ;
Ils respectent rigoureusement les réglementations ou normes en vigueur qui définissent précisément les espèces de thon, de sardine ou de maquereau utilisées et interdisent leur mélange dans une même boîte.
- Certains fabricants, à titre volontaire, ont pris l’initiative de mentionner des informations sur l’origine ou la provenance du poisson (nom du bateau, zone de pêche, …) soit en clair sur l’emballage (par exemple marquage au jet d’encre au moment du conditionnement) soit « Off Label », par renvoi à un site Internet où l’information est rendue disponible par le biais du nom du produit, de la date mentionnée sur l’emballage, ou du numéro du lot.