La préhistoire, des poissons et des hommes jusqu’à nos modernes conserves de poissons

Les poissons au même titre que tous les autres animaux dans leur environnement faisaient partie des motifs que les hommes reproduisaient sur des parois et des objets d’usage. C’est ainsi que des poissons figurent sur du « mobilier » archéologique : arpons, spatules, palettes. Il a même été trouvé des objets ayant la forme de poisson (Grotte Rey aux Eysies Dordogne), une spatule au poisson de 19,5 cm se trouve au célèbre musée archéologique de Saint Germain en Laye (78).

Les poissons apparaissent donc sur les parois de certaines grottes (art pariétal) au même titre que les cervidés, les bovins, les oiseaux.

In Art Mobilier Art Pariétal Préhistoire de l’art occidental : André Leroi-Gourhan (Ed. D’art Lucien Mazenod)

 

Le poisson aux premiers siècles de notre ère

Le poisson figure sur des objets, des murs, des pavements, des mosaïques… car, il est beau et symbolise une forme d’indépendance.

La beauté de ses écailles dans le miroitement de l’onde sous les lumières changeantes et le soleil sur son corps musclé en ont fait un sujet d’observation et bien sûr de modèle. Les hommes le pêcheront tout au long des siècles et se feront une gloire des plus belles prises. Ils apprendront à le conserver, à le sécher, le fumer et aussi à en faire des sauces très appréciées des romains (le garum)… De nos jours l’offre de conserves de poissons (sardines en boîte, thon en boîte, maquereaux en boîte…) est riche et variée.

La forme souvent stylisé du poisson sera le signe de reconnaissance des premiers chrétiens persécutés pour leur croyance. Voici pourquoi ? Poisson en grec ancien se dit Iktus, qui sera le cryptogramme, code secret et signe pour ceux et celles qui adhéraient à la nouvelle croyance, car les 5 lettres d’IKTUS (poisson) donnent :  I Iessus Jésus, CH Christos Christ, T Théou Dieu, Y Hyesos Fils et S Sater sauver : Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur.

Le poisson pour cela et pour sa présence dans les écritures, deviendra un symbole et sera sculpté sur divers édifices (porches, piliers, voussures, claveaux) tout particulièrement aux époques pré-romane et romane (Xe – XIIe siècles), mais plus tard aussi.

C’est ainsi que les poissons figurent dans des lettrines d’ouvrages hagiographiques, parchemins (VIIIe siècle – IXe siècle).

In « Les temps mérovingiens » exposition musée de Cluny – pages 32 – 33

 

Par exemple, à l’église de Mozac (Puy de Dôme) un personnage tient un énorme poisson… Des pêcheurs et des poissons sont représentés dans la statuaire bretonne sur les Enclos Paroissiaux, à l’église du Folgoët sur la façade du transept, la mer et les poissons figurent sur le tombeau d’Adeloch en l’Eglise Saint Thomas à Strasbourg, une frise de poissons sur le pourtour d’une cuve baptismale à Saint Aventin etc…

In le Bestiaire sculpté en France par V.H Debidour (Ed.Arthaud)

Dans son livre magnifique le Bestiaire Médiéval (Edition du Seuil) Michel Pastoureau (P. 186) mentionne un texte ancien à propos d’Alexandre « Dans la mer des Indes ou les thons étaient si nombreux qu’il du leur livrer bataille pour passer avec sa flotte ». Dans cet ouvrage sont aussi cités le maquereau, la sardine, preuve qu’ils étaient connus …en des temps très reculés et même si l’on ne vivait pas au bord de la mer…

 

Au Moyen Åge le poisson est très consommé et pour cause : « La pêche en mer est une activité économique de première importance. Les jours où l’église prohibe la consommation de viande mais plébiscite celle du poisson sont en effet très nombreux (jusqu’à 200 jours par an). »

In « À la table des seigneurs, des moines et des paysans du Moyen Åge » par Éric Birlouez aux Éditions Ouest-France – page 52

 

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